Affouragés par l’Espagne ! Affouragés par l’Espagne !

Ce ne sont pas les pluies intervenues dernièrement qui vont rétablir une situation déjà compromise par une sécheresse d’une longueur exceptionnelle. Malgré une récolte de foin plutôt correcte au printemps, de nombreux éleveurs français sont en déficit fourrager et n’ont pas d’autres choix que d’essayer de trouver à l’extérieur ce qui manque pour passer l’hiver et éviter de décapitaliser.

La situation est aussi inédite par la tournure internationale qu’a prise le marché de la paille et du foin face à une sécheresse d’ampleur européenne. Non seulement la spéculation s’en est trouvée amplifiée, mais en plus les ressources nationales ont été sollicitées très tôt par nos voisins du nord de l’UE. Il faut dire que leurs pouvoirs publics ont été beaucoup plus réactifs que chez nous pour accompagner leurs agriculteurs. On pense en particulier à l’Allemagne qui, dès août, a débloqué 340 M€ tandis que notre ministre découvrait l’ampleur de la catastrophe au Sommet de l’élevage en octobre… Il faudra vraiment que son successeur mette les bouchées doubles pour verser dès décembre des acomptes au titre des calamités agricoles afin de financer ces achats.

À l’heure actuelle, nul ne connaît véritablement les disponibilités en paille et en fourrage encore présentes sur le territoire. En revanche, ce que l’on sait déjà - et qui est quand même le comble de la situation - c’est qu’une bonne partie des importations va provenir d’Espagne, un pays plus méridional que nous, où il pleut beaucoup moins. Et que ces fourrages sont bien sûr irrigués grâce à des réserves… « Remercions » à ce stade tous ces ministres clairvoyants et ces associations dogmatiques qui, main dans la main, grâce à leur obstruction au stockage de l’eau, ont contribué à un tel fiasco à la fois économique et environnemental (bilan CO₂ du transport ?).

Oui, permettre aux éleveurs de réaliser des réserves collinaires pour assurer leur ressource fourragère aurait permis de détendre la situation. Constater qu’il y a encore aujourd’hui débat en France sur la nécessité de stocker l’eau dépasse l’entendement.